jeudi 30 décembre 2010

Délibérations

Et ce sont les dernières lignes de 2010 qui se gribouillent!
Un bref coup d'œil en arrière pour entr'apercevoir tout ce qui, par mes yeux, oreilles, doigts, m'a fait moi – et, si on y ajoute tout ce que j'ai déjà oublié, ça fait carrément beaucoup...
Un grand merci à tous ceux avec qui, de près ou de loin, j'ai eu le plaisir de partager, je vous présente tous mes vœux de joie et de surprises pour l'année qui se présente!

Le moment semble également opportun de publier le fort attendu Classement Officiel International des Commentateurs qui, au regard de la qualité et de la pertinence de leurs contributions, récompense les plus actifs participants de ce blog. Par soucis d'équité et rebuté par l'inconséquence d'un classement global, le jury s'est prononcé en fonction du poids et de la discipline de chacun des nominés. En toute rigueur, la liste qui suit est exprimée dans un ordre défiant effrontément logique et impartialité.

Je vous demande donc d'ovationner:
- Célestine, qui se voit décerner le glaçon d'or dans la catégorie junior féminine pour sa régularité, la variété de ses pseudos, le nombre total de caractères publiés, la finesse de leur style, et le degré d'admiration qu'elle exprime à l'égard de l'intégralité des membres du jury.
- Théodore, qui reçoit le glaçon d'or du visionnage de vidéos, pour la sagacité et l'hilaricité de ses questions et remarques, dont on se demande comment on a pu vivre jusque là sans les avoir éclaircies.
- Camille, décorée du glaçon d'or de la distributrice de vidéos de princesse souriante et de colis de douceurs, pour son infaillible mémoire de ma vie qui m'a permis d'accentuer le réalisme, la précision et l'ancrage autobiographique de certains passages.
- Pascale, récompensée du glaçon d'or de la catégorie mamans pour la qualité de son support logistique et administratif, l'exquisité de ses pâtes de fruits, et l'inimaginable effort de patience et d'abstraction fourni pour mener à l'émancipation l'auteur de ces propos (et probablement même après...).
- Christophe, qui se voit remettre le glaçon d'or de l'humour glacial et sophistiqué, pour sa prise de risque permanente, sa créativité, sa subtilité, et son endurance.
- Probablement acheté, le jury octroie le glaçon d'or du meilleur homonyme à Thomas.
- Un glaçon d'or est enfin attribué au plus constant, surprenant, inattendu, mystérieux commentateur, j'ai nommé: Anonyme.

Prenez-en bien soin, bande de petits veinards!

mardi 28 décembre 2010

Fraise flambée
















« Y a des nuits où c’est vraiment pas l’jour » chante Louis Chedid…
Et hier ressemblait à une de ces journées où, au regard de la valeur de ma contribution à la marche du monde, j’aurais probablement mieux fait de lui épargner ma présence et de m’oublier au fond de mon lit.
Mais on est optimiste à l’excès, on ne veut pas faire confiance à son intuition, on rame à contre-courant, et ce n’est qu’au soir venu, faisant le point, qu’on réalise l’ampleur du désaccord…
Au fond du Scooter garage j’ai trouvé une fraise à neige, la fameuse machine qui déblaye une congère en moins de temps qu’il n’en faut pour qu’elle se reforme, mais manifestement pas en état de remplacer immédiatement mes deux mains et ma pelle. Je m’y suis gentiment affairé hier : un peu de soudure pour rallonger les câbles de la batterie, lui confectionner un socle, vérifier les niveaux, nettoyer et resserrer la bougie, et au-delà de toute espérance ça démarre au quart de tour! Auréolé d’une certaine autosatisfaction, je coupe le moteur, ouvre la porte de l’atelier et traîne la centaine de kilos jusqu’au seuil pour ne pas titiller les capteurs de fumée. Dans le même élan je tourne à nouveau la clé et - évidemment - rien. Mais juste après le choc arrive l’illumination, et je pense au Star pilot, le fameux spray à base d’éther qui assure « le démarrage instantané du moteur par tous les temps »! J’ouvre le filtre à air - boîtier ne contenant en fait ni filtre ni crépine d’aucune sorte directement couplé au carburateur - situé juste entre le réservoir d’essence et l’échappement, l’arrose d’un petit pshit, tourne la clé, et l’effet est immédiat : ça tourne pendant dix secondes. Alors je lui en ressers une rasade, avec le même résultat. Pour faire chauffer un peu le moteur je vaporise avec plus d’entrain, et ça chauffe, ça pétarade même joliment!
Et là tout se déroule assez vite : un quart de seconde après que la confiance ait esquissé un sourire sur mon visage, PAF et WOOF : une étincelle sort de l’échappement et enflamme le filtre à air. Ça flambe quand même bien, et avec le réservoir juste à côté… En un enchaînement parfait alliant harmonieusement précision, rapidité, puissance et souplesse, j’attrape l’extincteur, le dégoupille et pulvérise le moteur. À vrai dire, en véritable sniper, j’envoie la dose de poudre ABC directement et très précisément sur le filtre à air – ouvert…
Un pré-diagnostic m’a permis de découvrir, entre deux sanglots, que le filtre à air, le carburateur, et par voie de conséquence le piston, étaient tapissés d’un bon centimètre de cette infâme poudre que le moindre soupçon d’humidité rend collante : démontage complet inévitable.
Considérons ça comme une nouvelle opportunité d’améliorer mes compétences en mécanique…

dimanche 26 décembre 2010

God Jul!

Jule gleden spreder seg over Ny Ålesund...

samedi 25 décembre 2010

A froid

Mercredi, un avion a survolé Ny Ålesund (ça fait un peu bizarre).


Du coup j'ai fait une jolie ballade le soir jusqu'à la cabane de Gåsebu: le ciel, malgré de lourds nuages gris sombre, est lumineux, le fjord est noir, et la terre blanche – un superbe panorama décolorisé que l'appareil refuse pourtant de capturer.


Jeudi j'ai été choisi pour être victime pendant l'exercice annuel des pompiers. J'ai survécu.














Vendredi midi j'ai mangé un plein bol de grøt, dans la plus pure tradition de noël norvégienne.
J'ai également survécu.


















Pour nous ranimer on a tous eu droit à un tour de la ville en traîneau-fontaine à vin chaud.








A folle allure


« Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos cœurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure.
Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge. »
C. Bobin

mardi 21 décembre 2010

dimanche 19 décembre 2010

A l'intérieur


















Il a neigé à l'intérieur de mon double vitrage...
Et la condensation a gelé côté appartement.

mercredi 15 décembre 2010

Au-dedans

« Le dedans des êtres est un monde plus étrange que le dehors, terre, océan, nuées, étoiles. »
H. Gougaud

« Il n'y a pas de début, ni pour les choses ni pour les gens, tout ce qui a commencé un jour avait déjà commencé avant. »
J. Saramago

« On se découvre porteur, à parts égales, des attributs antagonistes dont ils étaient respectivement chargés, avec l'obligation de mettre un semblant d'ordre et d'unité dans l'orageuse assemblée qu'on abrite, de pacifier le vivant Erèbe que l'on est devenu. »
P. Bergougnioux

vendredi 10 décembre 2010

In the cold cold night

Mais comment l'explorateur polaire occupe-t-il ses longues soirées après avoir la journée entière, défiant les éléments, de ses mains calleuses et désensibilisées, monté des meubles Ikea?

Mettant au frigo sa conscience, ses convictions politiques, et sa raison, il envoie quelques cartes de vœux à ses amis du monde de la finance, joyeux supporteurs de la dérégulation partiale des marchés, de la virtualisation du capital, des investissements poisseux et lucratifs, et de la déshumanisation/inhumanisation de l'économie.













Pour soulager son âme préoccupée et ses épaules meurtries il se prélasse régulièrement dans le jacuzzi, contemplant attentionnément les étoiles filantes ou écoutant les flocons de neige se déposer sur sa chevelure givrée.

Ne sachant que faire des vis non-utilisées pour l'élément bas Tætdømül, il s'en va dénicher dans les poubelles sélectives une mini-chaîne hifi flambante, monte une belle étagère pour son vidéo-projecteur, suspend son écran, connecte esthétiquement le tout et se retrouve avec une pure salle de cinéma dans le salon de Rabot - qu'il inaugure derechef, affalé comme un prince dans son canapé et sirotant du picon-bière.

Enthousiasmé, il propose le lendemain à son coéquipier de remettre ça - mais celui-ci serait plus tenté par une session jacuzzi. Qu'à cela ne tienne! Les 2 comparses, soucieux de désamorcer toute source de conflit autant que de maintenir un haut niveau d'innovation et de créativité dans la communauté, optent pour un jacuzzinéma. L'écran est vaché au sol par des sandows qui lui permettent de résister en souplesse aux assauts du vent sans déchirer, et le projecteur est calé sur des caisses tout contre la fenêtre côté intérieur, à l'abri de températures qui nuiraient à sa longévité, par laquelle passent tout juste les câbles des haut-parleurs. L'expérience est un succès total, le film (« La vie aquatique ») est sublime - seule la question de la durée de la projection semble être à reconsidérer: l'eau se refroidit tout de même significativement, et les dents claquent durant les vingt dernières minutes...














En quête de chaleur, il décide avec sa bande de valeureux trappeurs d'organiser une soirée vin-chaud par semaine jusqu'à Noël dans un lieu confiné et insolite. La première se déroulera sous une tente mess équipée de caisses Zarges et de peau de rennes, la seconde au repère des mushers.


Plus mû par une volonté de socialisation qu'effrayé par la compagnie de la solitude, il rejoint (et mixtifie de ce fait) le comité d'organisation de la fête de noël – qui se révèle tentaculaire, consistant grosso modo en un événement tous les trois jours durant le mois entier de décembre... Il participe à ce titre à l'empaquetage individualisé de 70 éléphants de porcelaine, et décore Rudolf le rennes de noël. Il s'apprête également à confectionner les décorations du réfectoire ainsi qu'à parader en toge blanche avec des bougies sur la tête avant que sa démission ne prenne effet.

Cloîtré dans sa hutte, l'intrépide se délecte consciencieusement du temps restant...

mardi 7 décembre 2010

Chaviré par le mois des nuées

Novembre et moi, on ne s'est jamais très bien entendu, aussi loin que je me souvienne...
Enfant je déchargeais allègrement sur mes proches, puis il m'a fallu apprendre à garder ça un peu plus pour moi, en faire une brique de mon puits.
S'y mêlent une légère incertitude quant au bien-fondé de célébrer un rendez-vous manqué: mon entrée dans le monde – qui s'est renouvelé tout au long d'un flottement délectable parsemé d'impacts (risques inhérents au pilotage de nuage); des genoux qui tirent un peu de l'année parcourue, raidissant la foulée, accentuant l'infime inquiétude du marcheur dans l'obscurité, abandonné à son insouciance et espérant qu'elle lui épargnera l'invisible obstacle; et une carcasse, peu protégée contre les mordillements du froid, qui s'essouffle à ranimer son propre foyer.
« Mal si tendre », aurait presque dit Camille, que je travaille à me laisser travailler, à savourer - dans le sens de « s'imprégner d'une sensation », et qui pourtant chaque année me prend au dépourvu... Encore une fois je n'y aurais vu que du feu du vent, et par la porte d'une petite fatigue se sont engouffrés une énigme insoluble, une rafale du vrai monde avec des vrais gens (prends ta gifle de naïveté), quelques inquiétudes voleuses de sommeil, et s'est échappée une paire de mes peu nombreuses racines (l'une fragile et précieuse, l'autre inconnue et troublante d'insensibilité).
Alors je m'enduis de cette lenteur, je m'emplis de vacuité, je me laisse ballotter quelques centimètres au-dessus du sol, et je démantèle minutieusement les craintes recroquevillé à la chaleur des braises rougeoyantes, dans l'attente patiente et confiante du moment où le feu de lui-même repartira – où lumière et chaleur émanent de soi. Temps de repos: le conteur inspire avant de replonger... « Le fait est fortuit et sans importance, que ce soit moi le rédacteur de ces lignes ou vous le lecteur » écrit Borges, alors si l'univers avait quelque chose de particulier à exprimer ces dernières semaines il l'a fait murmurer par d'autres mains et peut-être entendre par d'autres yeux...
Et un matin je me lève et laisse tout derrière -
Tout sauf tout -
Tout sauf moi.

dimanche 28 novembre 2010

Atomik Balkanik!

Bar duty hier soir avec Christian:
On s'est mis à dos tous les norvégiens et on a vidé le bar à l'aide d'une playlist imparable de musique balkanique et de gipsy swing!
Peu après que j'aie promis à la seule cliente féminine de ne plus diffuser de musique égyptienne, et alors que j'entamais une explication sur l'enrichissement que représentent les échanges interculturels et l'ouverture à la nouveauté, tout le monde est parti (il était même pas onze heures, et on avait ouvert le bar après dix heures).
Seules sont restées jusqu'au bout trois personnes, dont il est délicat de déterminer si elles étaient sympathisantes ou alcooliques.
Une immense réussite.

mercredi 24 novembre 2010

Hibernation

Petit passage en lenteur...

dimanche 21 novembre 2010

D'encre



Sur le mont de la nuit, naît la promesse du jour...

dimanche 14 novembre 2010

Let there be more light


Vendredi soir j'ai mis un duvet, un thermos de tisane, une tablette de chocolat et un bon bouquin dans mon sac, ai chaussé mes raquettes et suis parti sous un ciel chatoyant pour une promenade jusqu'à la cabane de Brandal. Il faut un petit moment pour l'amener à une température confortable, malgré le vent qui souffle fort et augmente le tirage du poêle - qui, deux heures après que je me sois couché, est déjà éteint...
Au matin, le bout de nez qui dépassait du sac de couchage picote, et l'activité est bienvenue le temps que l'intérieur des vitres dégivre un peu.

vendredi 12 novembre 2010

Au coin du jour




Ce sont les derniers lambeaux de jour qui esquissent le long de la ligne des crêtes la frontière entre le ciel et la terre, quelques heures de plus en plus courtes autour de midi, théâtre d’ombres à la lueur d’une bougie vacillante… Le monde s’immerge alors dans une indolente pénombre bleutée, une langueur en laquelle se côtoient le flottement de l'aube et la torpeur lente du crépuscule.
Demi-éveil après lequel les paupières célestes se referment lourdement, dans un scintillement d'étoiles et d'aurores ou une nuée de flocons.

mardi 9 novembre 2010

Welcome back!



Hier Sébastien est rentré de vacances!
Pour l'accueillir chaleureusement, Christian et moi avons déménagé son salon dans une cage libre du chenil, et agrémenté le tout d'une décoration bien cosy...
Évidemment c'était pas prévu qu'il neige toute la soirée, mais ça ne nous a pas empêché d'aller y boire l'apéro. En-dessous de -15°, la bière gèle autour des petites bulles, mais la glace ainsi formée disparaît dès le contact avec la langue - comme si ça pétillait en solide... Par contre il ne faut pas traîner pour terminer la canette, car à la fin son contenu se fige rapidement!
Mais l'homme s'adapte à tout pour survivre...

vendredi 5 novembre 2010

Tout moelleux


Cette nuit la neige est tombée, avec du vent rapide comme le cheval qui souffle en tempête! Alors ce matin tout était blanc, mais couvert de façon totalement irrégulière, de grosses congères s’étaient formées dans les recoins abrités - comme devant l’entrée de mon atelier… La journée a ainsi commencé par 20 minutes de pelletage, et arrivé à la porte la neige m'arrivait au-dessus des genoux (les miens hein)!
Épreuve terminée, passons à la suivante…

jeudi 4 novembre 2010

Du ballon pour mon Théodore!

















Salut mon p’tit crapaud, et aussi les autres.
Alors voilà comme promis quelques explications sur le ballon-sonde que je lance pour l’instant tous les jours :
Il s’agit donc d’une sonde, qui mesure la température de l’air, le degré d’humidité, la force et la direction du vent, et grâce à un GPS sa propre position et son altitude. Ces données sont envoyées en temps réel par la petite antenne que tu vois (un peu) à l’arrière du boitier. Ce boitier est attaché à un ballon rempli d’hélium, qui s’élève à environ 5m par seconde, et explose autour de 30 km d’altitude.
Comme pour l’instant il fait très froid (près de -75°C tout en haut), il faut tremper le ballon dans un mélange de diesel, d’huile moteur, et de paraffine. Ensuite je le suspends et le laisse s’égoutter un moment, et pendant ce temps je prépare la sonde : il faut la brancher sur une machine et paramétrer les différents capteurs à l’aide d’un ordinateur.
Après ça je gonfle le ballon, il faut bien faire attention à ne pas le toucher, sauf le bout qui est beaucoup plus épais. Une fois qu’il est assez gonflé, j’attache la bobine de fil au ballon, en même temps ça le ferme bien pour ne pas que l’hélium s’échappe.
Et là je sors par l’une des deux grandes portes coulissantes (en fonction de la direction du vent), le ballon dans une main et la sonde dans l’autre, et hop ! La bobine de fil se déroule, pour que la sonde reste assez loin sous le ballon, et ne sois pas gênée par ses turbulences, et très vite on ne voit plus qu’un petit point dans le ciel…
Impressionnant n’est-ce pas ? (vous pouvez en profiter pour apprécier la lumière peu avant midi)