mercredi 11 juillet 2012

L'envol

Il y a une ligne: la surface du monde.
On vit juste au-dessus - à peine en-dessous, c'est pour plus tard.
Cette surface, c'est notre espace d'évolution, notre territoire, notre maison, notre chaîne.
A l'occasion d'un saut, d'infimes instants on s'en libère; mais toujours on retombe, sans fin l'en-bas nous rappelle.
L'eau seule sait rompre cette dépendance, nous affranchir du magnétisme - la chance nous est offerte d'être poisson ou oiseau: de découvrir la troisième dimension. Plus de sol collé à nos pieds, plus d'impératif, plus de brutalité.
Le bruit de la mer nettoie les pensées, sa douceur estompe les limites du corps.
L'attraction insiste au début, la surface nous retient - mais peu à peu les liens se dénouent, laissant la liberté de l'apesanteur nous embrasser. A son seuil résonne l'appel des profondeurs: un léger élan, et on tombe, on tombe, on tombe. Tout en fluidité le corps plonge vers l'absence de lumière, l'esprit se replie dans ses lointains recoins - là où les mots sont rares.
Au chant des sirènes, on marque l'arrêt: un instant de calme pur avant le long effort de l'ascension.
Les tous derniers mètres la mer nous porte - dernière offrande, dernière caresse.
Air. Joyeuses retrouvailles, mêlées de nostalgie des abysses.