mardi 20 décembre 2011

Je suis le bruit

Du vent dans les arbres

samedi 10 décembre 2011

vendredi 9 décembre 2011

Fugacités

Petit essai de taoïsme photographique - ou l'histoire de ces instants que, volontairement, je n'ai pas dérobés et pétrifiés, pour en savourer la plénitude en spectateur reconnaissant.
La nuit est tombée sur Essaouira. C'est une ruelle étroite et déserte : à droite le mur d'enceinte, à gauche les bas immeubles de la médina, au fond une lanterne accrochée au mur – et les sourds battements du ressac. A contre-jour un homme s'éloigne, silhouette noire se balançant au rythme des pas. La capuche de sa djellaba pointe sur sa tête ; à sa main, un sac. Arrivé à un porche, il s'arrête et se tourne vers les deux chats qui immédiatement ont surgi de l'obscurité, dévalé les deux marches, et pointent vers lui leur museau. Lentement il ouvre son sac, en jette au sol une partie du contenu, sur lequel les chats se ruent. Interminable seconde : l'homme courbé, la capuche, les oreilles, les queues. Clic-clac.
Il est presque midi et je mange une mandarine au milieu d'un marché, perdu dans les ruelles de Marrakech. L'air est chaud, le vent transporte les odeurs de gasoil, d'épices, de boucherie et de menthe. Assis sur la chaussée un vieillard rêvasse et sourit, devant lui sur un carré de bâche sont disposées une poignée de bâtons de réglisse et une autre de bâtons de siwak. Plus loin je tourne la tête : une allée d'immeuble sombre, la poussière est suspendue dans les quelques rais de soleil qui la traversent. Un homme y avance, silhouette de djellaba encore, au bout de chacun de ses bras pendent cinq poulets vivants. Une seconde je m'arrête, durant laquelle le bruit s'est absenté autour de cet ensemble par les ombres unifié d'homme et de plumes. Clic-clac.
L'idéal, ce serait de lire ça les yeux fermés, pour voir se dessiner les images en même temps...