samedi 29 mai 2010

A l'écoute

"Ce qui est mystérieux, ce n'est pas ce que nous faisons, c'est ce que nous nous abstenons de faire - cette vie immobile dont notre vie agissante n'est que l'escorte un peu bruyante."

jeudi 27 mai 2010

Moins c'est plus

Pas d'inquiétudes: si vous avez peu de nouvelles de moi c'est parce qu'il y a tant à faire et à découvrir loin d'un ordinateur... Alors dans pas longtemps ça va se calmer, et là vous allez ramasser!


lundi 24 mai 2010

Syttende Mai


La fête nationale est quelque chose de sérieux et organisé en Norvège, et pour marquer ma volonté d’intégration j’ai rejoint la fanfare, en charge du réveil du village à 7h00 (avant le lever de drapeau et le champagne de 8h15). L’unique critère de sélection que nous avons retenu avec Sébastien était le suivant : toute personne qui sait jouer d’un instrument est priée de ne pas participer. Le tuba détend un peu les joues et les lèvres, mais le défoulement qu’il procure est très agréable !

mardi 18 mai 2010

Première randonnée

Une chose à laquelle je ne sais pas si Jordi a déjà pensé (à part venir voir mon blog) : sans nuit, qu’est-ce qui nous restreint (en-dehors du physique) pour les sorties ?
Voyant la neige commencer à transformer dangereusement et l’arrivée d’un premier jour libre peu probable, j’ai donc fini ma journée plus tôt jeudi, ai préparé quelques affaires (le fond de sac est déjà volumineux : ARVA, satellit phone, GPS, flare gun, etc…), et suis parti à 18h sous un ciel chargé et lumineux pour un tour du Vestre Lovénbreen glacier. La montée en raquettes est parfois délicate (une épaisse couche de neige lourde recouvre de larges plaques de glace), mais passée la première arête la sensation d’immensité et d’isolement est enivrante… L’approche des crêtes se fait sous l’escorte d’oiseaux criards ; au col la vue s’ouvre sur d’autres glaciers, et au loin, le Forlandsundet Fjord. La dernière épaule est sportive : grosse inclinaison, neige dure, une belle corniche de neige… Elle se termine par quelques mètres presque à la verticale, et la récompense du sommet est toujours une surprise inattendue.
La descente est en grande partie moins glorieuse : la neige est très dure sur ce versant venté, formant d’innombrables reliefs qui anéantissent toute tentative de manœuvre contrôlée, et la blancheur de la lumière masque au regard tout ce qui se trouve entre 30 cm des pieds et 200 mètres… Le braille du surf !




















La primavera!

Jeudi matin, j’accompagne une chercheuse coréenne à la station Rabot, à 6 km du village, où est installé son compteur à particules condensées. Pendant qu’elle traficote, je profite 5 minutes d’une percée de soleil adossé au bâtiment, bercé par les pépiements d’un moineau tout rond tout blanc. Un craquement sourd, profond, puissant me tire de mon lézardage, comme un impressionnant grondement de tonnerre : le glacier fond et disperse d’énormes blocs de glace dans le fjord ! L’attention attisée je me réinstalle, chant du vent, tintements de la neige qui fond, sculptures de nuages, et puis quelques clapots, comme des claques sur l’eau, qui se répètent… Intrigué je me lève, et soudain, distinct, le souffle - jamais entendu et pourtant immédiatement familier. Les 200 mètres qui me séparent du rivage sont parcourus en volant, et les bélougas sont là, une vingtaine en deux groupes, montrant leur dos entre rose et blanc, qui se dirigent nonchalamment vers l’entrée du fjord… Et hop, un rêve d’enfant !

[Insert: L'ours]

De retour à la cabane je retrouve Miss Lee sur le seuil côté intérieur, à moitié terrorisée : son check fini, elle est sortie et a vu le scooter à 25 mètres, avec à côté le fusil, mon blouson et ma radio, mais pas moi - du coup elle s’est re-précipitée à l’intérieur ! Il faut admettre que la Safety introduction à l’arrivée est potentiellement anxiogène (« Take the polar bear danger seriously » dit l’affiche montrant un mignon nounours attablé devant un phoque) : « Alors les ours… Les plus dangereux c’est les femelles avec leurs petits. Bon il y a aussi les gros mâles solitaires. Et les vieux ou les malades qui n’arrivent plus à chasser et qui sont affamés. Ah il faut aussi se méfier des jeunes, sevrés mais qui ne sont pas encore bon chasseurs… »








mardi 11 mai 2010

Le jour insomniaque

« Sans le lyrisme de la nuit, la vie ne prend pas forme » m’écrit Christiane Singer. Mais s’est-elle imaginée combien cela peut devenir subtil lorsque cette vie s’ébauche dans un espace profondément déstabilisant ?

D’un point de vue symbolique déjà, car la nuit n’est plus uniquement cette période obscure entre coucher et lever du soleil, elle devient le moment qu’il faut accorder à la petite musique de la vie pour que puisse s’esquisser le sens du reste du jour…

Physiquement aussi, lorsqu’il me faut être attentif à l’expression du besoin de sommeil sans repère lié à l’obscurité (et il est délicat de percevoir ce qui vient de l’intérieur quand le monde autour est si bruyant de nouveauté…), ou quand je dois me laisser dériver vers les profondeurs du repos alors que le moindre rai de lumière porte dans la pièce l’éclat du matin, et surtout, surtout, lors de ces instants fragiles où l’abandon est à portée de doigts, mais que l’absence de rupture, la page du jour qui ne s’est pas refermée d’elle-même risquent de balayer. Comment s’abriter de ces rafales quand la simple pensée du refuge suffit à leur donner naissance, que si près de mes lèvres se promène ce doux air :

« Et je m’demande ô combien,

De quoi s’ra fait demain… »



Minuits



























lundi 10 mai 2010

Illumination diurne

Une révélation troublante me tira dernièrement d'un inconsistant éveil : il est possible ici de vivre un jour d’une année – le mien a dû débuter vers 9h30, et s'élève petit à petit…

samedi 1 mai 2010

La mer




















Depuis hier soir le Kongsfjord est libre de glace, ce qui a permis au bateau d'accoster! C'est le premier ravitaillement depuis fin décembre donc les gens ici sont plutôt contents d'avoir des légumes et des fruits... Et moi j'ai mes affaires, qui attendront la semaine prochaine que j'emménage dans mes quartiers pour sortir des malles.