vendredi 10 décembre 2010

In the cold cold night

Mais comment l'explorateur polaire occupe-t-il ses longues soirées après avoir la journée entière, défiant les éléments, de ses mains calleuses et désensibilisées, monté des meubles Ikea?

Mettant au frigo sa conscience, ses convictions politiques, et sa raison, il envoie quelques cartes de vœux à ses amis du monde de la finance, joyeux supporteurs de la dérégulation partiale des marchés, de la virtualisation du capital, des investissements poisseux et lucratifs, et de la déshumanisation/inhumanisation de l'économie.













Pour soulager son âme préoccupée et ses épaules meurtries il se prélasse régulièrement dans le jacuzzi, contemplant attentionnément les étoiles filantes ou écoutant les flocons de neige se déposer sur sa chevelure givrée.

Ne sachant que faire des vis non-utilisées pour l'élément bas Tætdømül, il s'en va dénicher dans les poubelles sélectives une mini-chaîne hifi flambante, monte une belle étagère pour son vidéo-projecteur, suspend son écran, connecte esthétiquement le tout et se retrouve avec une pure salle de cinéma dans le salon de Rabot - qu'il inaugure derechef, affalé comme un prince dans son canapé et sirotant du picon-bière.

Enthousiasmé, il propose le lendemain à son coéquipier de remettre ça - mais celui-ci serait plus tenté par une session jacuzzi. Qu'à cela ne tienne! Les 2 comparses, soucieux de désamorcer toute source de conflit autant que de maintenir un haut niveau d'innovation et de créativité dans la communauté, optent pour un jacuzzinéma. L'écran est vaché au sol par des sandows qui lui permettent de résister en souplesse aux assauts du vent sans déchirer, et le projecteur est calé sur des caisses tout contre la fenêtre côté intérieur, à l'abri de températures qui nuiraient à sa longévité, par laquelle passent tout juste les câbles des haut-parleurs. L'expérience est un succès total, le film (« La vie aquatique ») est sublime - seule la question de la durée de la projection semble être à reconsidérer: l'eau se refroidit tout de même significativement, et les dents claquent durant les vingt dernières minutes...














En quête de chaleur, il décide avec sa bande de valeureux trappeurs d'organiser une soirée vin-chaud par semaine jusqu'à Noël dans un lieu confiné et insolite. La première se déroulera sous une tente mess équipée de caisses Zarges et de peau de rennes, la seconde au repère des mushers.


Plus mû par une volonté de socialisation qu'effrayé par la compagnie de la solitude, il rejoint (et mixtifie de ce fait) le comité d'organisation de la fête de noël – qui se révèle tentaculaire, consistant grosso modo en un événement tous les trois jours durant le mois entier de décembre... Il participe à ce titre à l'empaquetage individualisé de 70 éléphants de porcelaine, et décore Rudolf le rennes de noël. Il s'apprête également à confectionner les décorations du réfectoire ainsi qu'à parader en toge blanche avec des bougies sur la tête avant que sa démission ne prenne effet.

Cloîtré dans sa hutte, l'intrépide se délecte consciencieusement du temps restant...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire