dimanche 28 mars 2010

Oceanopolis backstage



En cavale (Cops VOST)

Sabrina, jeune et enthousiaste recrue de la Gendarmerie du Conquet, voit sa côte de popularité s'envoler auprès de certains membres de l'Institut polaire. Alors que nous nous entretenions lundi matin des tenants et aboutissants d'une sombre histoire criminelle, un gendarme fait brutalement irruption dans son bureau.

Quand je dis « gendarme », entendez bien: ventre proéminent, chevelure grisonnante raréfiée, moustache imposante, et les deux pouces passés sous sa large ceinture porte-révolver, matraque, menottes et autres instruments de discussion.

Le sourcil relevé, d'un accent prononcé et ponctué de silences dramatisants: « Ça y est, ils sont derrière les barrières... Ça a pas été facile hein... Il a fallu les courser un peu. Mais là c'est bon, on les a eu... On devrait plus avoir de problèmes avec eux maintenant, ils sont pas près de ressortir... C'est le gars d'à côté, il rentrait ses betteraves avec son tracteur et ça leur a fait peur aux chevaux, c'est pour ça qu'ils ont détalé... »

Illumination nocturne

Une révélation troublante me tira dernièrement d'un inconsistant sommeil: il est possible aux pôles de réaliser un tour du monde en quelques enjambées, faisant d'une seconde une heure!

Pétrifiant n'est-ce pas?

mercredi 24 mars 2010

Esthétique et lyrisme de la mécanique maritime



A toi puissant hors-bord aux cent chevaux,
Défiant la mort, planant sur l'eau:

Ô discrète anode charmeuse d'ions,
Rédemptrice offrande contre la corrosion,
Devenue difforme, martyre sacrifiée
Aux autels d'aluminium et eau salée.

Ô pudique et tortueux carburateur,
Orchestrant tous les régimes moteurs,
Te vis encrassé d'infimes particules
Qui même devant 9 bars d'air ne reculent...

Ô fragile embase toute emplie d'huile,
Au corps profilé et si lisse,
Distille tous ces gaz volatiles
Par le cœur de ton axe d'hélice.

Ô vilebrequin infaillible, maître des pistons,
Créant lien entre fusibles et rampe d'injection,
Chef de bande d'une héroïque sujétion
A la commande hydraulique de direction.

Vous tous, bataillon d'un autre âge -
Pièces d'inox, laiton ou autre alliage,
Récipients en lesquels l'essence décante,
Méritez votre jet de WD 40!


lundi 22 mars 2010

La Lutine























La Mutine

Eglise Saint Symphorien

« Merci Seigneur de tes merveilles, touche mon dossier de logement, protège toute ma famille.
Amen »

« Je prie Jésus […] pour les victimes d'Haïti, qu'elles se reposent en paix. »

mercredi 17 mars 2010

Fun Yak 5.4


Ça c'est « mon » nouveau bateau! Lui et moi on a fait notre première sortie hier matin, et on est en rodage: 18h au moins dans un délai de 3 jours...Il est plutôt petit (5,40 mètres), léger (550 kg), et avec un moteur de 100 CV plus que confortable.
Ça demande même une certaine douceur pour ne pas faire basculer les 4 passagers au démarrage, ou faire rentrer 200 litres d'eau au passage de la marche arrière...
Sur mer calme, il est presque aussi rapide que les cormorans (assez surprenants pour ceux qui n'ont jamais observé), et par mer agitée il est un peu léger et tape bien...
J'enchaîne donc les prises de coffre, amarrages, mises à quai, « beachages » et autres manœuvres, tanné par le vent froid et les embruns piquants, et dégustant les rayons que le soleil nous offre pour l'instant assez généreusement.
Enfilant ma survival suit tout à l'heure avant de me mettre à l'eau pour tirer le bateau, je me disais que la Bretagne hivernale était un lieu bien approprié pour se préparer au Spitzberg!

dimanche 14 mars 2010

Les bouts du monde

D'attitude nonchalamment distinguée, Mr M. semble dissimuler amabilité et intérêt sous des dehors rugueux. Entrant d'un pas assuré dans la boulangerie alors que le pain crépite encore de chaleur, il m'alpague abruptement:
- Alors c'est toi qui pars au Groenland?
- Et bien... Oui c'est moi, mais non je ne pars pas au Groenland.
(Imaginez tout de même bien mon étonnement de le découvrir prévenu d'un départ dont les formes émergeaient alors à peine d'un lointain brouillard.)
- Et tu vas où alors?
- Sur une île bien moins connue, loin au-dessus de la Norvège...
- Moi je connais le Spitzberg, ça te dit quelque chose?
- Ben un peu oui: c'est là que je vais!

Mr M. y est parti il y a cinq ans avec sa femme et en a fait le tour à bord d'un ancien brise-glace de l'armée soviétique reconverti en navire de croisière rustique. Il en a ramené un film ainsi que pas mal de photos, qu'il nous invite à venir découvrir.
- Comme ça tu pourras voir à quoi ça ressemble là où tu vas! Parce que c'est vraiment impressionnant, immense et sauvage, les conditions sont si rudes qu'on n'y a accès que l'été...
- En fait pas vraiment, j'y pars en avril...
- Ah bon? Mais alors tu dois arriver parmi les premiers car avant il n'est pas possible d'y aller.
- Je pense que si, car je pars pour un an et y passerais donc l'hiver...
Interlocage (en lequel je n'ose percevoir une pointe d'incrédulité), subtilement masqué:
- Ah. Alors mets-moi un pain rustique et un au kamut, et on se tient au courant pour cette soirée.

Surprise donc: St Julien de Jonzy est le genre de village qui ferait passer Chauffailles pour une mégalopole frénétique, une bonne partie de mon entourage n'est pas encore au courant de mon voyage, et j'imagine que le Spitzberg n'est pas le genre de destination qui remplit des charters...

C'est ainsi qu'empli d'une curiosité un peu diluée par l'accélération de la vie à l'approche du départ, je me suis retrouvé lundi soir affalé aux côtés de Charlotte et Ben dans un moelleux divan, écoutant un récit qui laissait clairement percevoir le contentement éprouvé par son auteur à le partager.
Le film une fois fini, alors que, sirotant un Porto de 20 ans d'âge devant un album de photos, nous lui faisions part de l'impression que nous laissaient son salon-salle de cinéma et sa demeure dans son ensemble, dont la rénovation avait été remarquable, il nous confie d'un air irrité que « ça n'a pas été facile quand même: toutes les agences nous proposaient des châteaux, alors que nous, ce qu'on voulait, c'était une maison! Bon une grande maison avec du terrain, mais pas un château vous comprenez? ».

vendredi 5 mars 2010

Fins & moyens

Qu'il me soit accordé de m'affranchir des habituelles digressions apéritives: ce blog, dont le cœur sera tout de délicatesse et de raffinement, ne leur concèdera pour autant ni force ni efficacité. Partant de ce paradigme, quiconque se laisserait effleurer par la tentation de discuter l'impérieuse nécessité d'inaugurer ce blog par sa fin est invité à faire l'économie du partage et à refermer l'onglet derrière lui, jusqu'au temps où ses doutes, méticuleusement parcourus, se seront dissous dans l'éther des cieux sans nimbes. Car ce blog n'aspire pas au despotisme: tout ce qui n'affère pas à son essence profonde est ouvert à l'enrichissement de l'échange, ne fût-il que l'empreinte d'un regard.

Quelle en est donc la vocation?

Le blog de glace est un lieu d'humble création, qui me permettra, du fond de mon isolement, d'avoir l'enivrante sensation d'irradier le monde de mes nouvelles... Mais pas trop: l'élégance et la pudeur nous amènerons chacun à draper de poésie notre intimité, n'en laissant entrevoir que la beauté évanescente d'une empreinte. Plus clairement: tout au plus aurez-vous à contempler l'éclat de lumière traversant un jet stalagtifié d'urine, mais n'en attendez aucune dénaturation narrative.

Le blog de glace est un lieu de transmission, qui distraira votre morne quotidien ou apaisera votre esprit essoufflé par un aperçu fugace de la vie au bord du monde. Il sera aussi le messager qui cherchera à redonner dans ce monde qui souvent l'oublie sa vraie valeur à la chaleur, et attendra en retour une sincère implication de ceux qui se sentent concernés (par exemple par des photos de soleil tropical entre novembre et avril, si vous voyez ce que je veux dire).

Le blog de glace est également un lieu d'échange, qui s'abreuvera d'énergie et de motivation au puits de votre présence et de vos participations. Mais ne vous ulcérez pas non plus de cette responsabilité, le blog de glace est un grand garçon, autonome et indépendant, qui préfère l'honnêteté d'une absence à l'inutilité confuse et encombrante d'un commentaire bâclé. Et le mail saura toujours combler ses incompétences, personnalisant, détaillant et rattachant au réel mes émanations.

Au-delà de ce cadre, que la vie s'exprime!

Vers l'infini et l'au-delà! (C'est parti pour l'aventure, on dirait!)

Tendrement près de chacun de vous.