dimanche 27 juin 2010

Solfest

Hier à Ny Ålesund c’était la fête du soleil, le grand évènement de l’été ! Avec l’habituelle organisation norvégienne : un thème pour la soirée (alambiqué : "inside out, upside down, backwards"), un barbecue, un feu de joie (un tas de palettes arrosées d’essence et allumées à la dynamite), et des hectolitres d’alcool…

Habituellement peu inspiré par les soirées déguisées, j’ai pourtant été traversé par un éclair d’imagination dans la nuit de vendredi, ai bricolé à la hâte samedi en fin d’après-midi, et me suis vu décerner le premier prix ex-aequo !

Le soleil brillait fort, et l’évidence de l’instant m’a sauté aux yeux : rassemblant quelques personnes motivées, jouant d’enthousiasme et de persuasion, nous avons été une dizaine à sauter à l’eau à minuit sonnantes ! Pas persuadé que ça se reproduirait, j’ai remis ça deux autres fois avant de casser la glace autour de mes orteils pour me rhabiller, et d’aller claquer des dents d’un air décontracté en toisant d’un air condescendant les baltringues en blouson et autres créatures bavantes d’admiration cachées derrière leurs appareils photos…


samedi 26 juin 2010

Merveilles de la nature

La neige fond, les températures s’adoucissent, et depuis le mois dernier les oiseaux sont revenus virevolter dans les parages… Quelques gros engins – fulmar boréal et labbe parasite – planent majestueusement au ras des flots, faisant chanter l’air sous leurs ailes. Les guillemots à miroir flottent paresseusement par petits groupes, à l’approche du bateau certains plongent sous la surface – plop ! – tandis que d’autres démarrent en vrombissant : petite boule noir tachée de blanc sous les ailes aux pattes rouges vif qui courent sur l’eau, attendrissante de maladresse sur les premiers mètres ! Et la mythique sterne arctique : ventre blanc, dos gris, tête noir et bec rouge, elle passe l’été en arctique, l’hiver en antarctique – 4 mois de voyage… Les couples sont unis pour la vie, le mâle paradant spectaculairement chaque nouvelle saison, couvant et protégeant les œufs autant que la femelle, et tous deux étant des surdoués de la pêche… Ça a l’air mignon hein ?
Et bien en vérité c’est une pure saloperie, consternante de stupidité. Elle niche essentiellement au sol, dans des petits trous au fond desquels elle dépose trois bouts de mousse, et considère donc les nids de poule au milieu de la route comme un emplacement parfait. Au début elles s’envolaient en braillant dès que quelque chose s’approchait, mais depuis deux semaines les femelles ont pondu… Désormais elles s’envolent en braillant dès que quelque chose bouge à moins de 20 mètres, et attaquent à coup de bec l’intrus (homme, vélo, voiture, renne ou autre oiseau…), le mitraillant au passage de rafales de caque blanchâtre et diarrhéique. Elles visent la tête uniquement, mais la manifeste limitation de leurs capacités d’analyse et de raisonnement les conduit à assimiler la tête à la partie en haut de l’élément indistinct à niaquer et crépir : il suffit donc de se promener avec un bâton dressé pour être à peu près tranquille (mais interdit de l’agiter : espèce protégée ! Ce n’est pourtant pas l’envie d’en occire une ou deux pour l’exemple qui me manque). Sébastien, depuis qu’il a remarqué que j’étais d’une certaine façon le point culminant du village, m’a décrété meilleur instrument de protection contre les coups de becs, et essaie de trouver une excuse pour que j’aie besoin de l’accompagner à chaque fois qu’il sort…

dimanche 20 juin 2010

Mordu par une marmotte

Le monde qui m’accueille en cette matinée avancée a les yeux bleus avec un petit peu de jaune…

Après plusieurs semaines nuageuses, c’est une douce caresse pour le regard, et une invitation à mettre le paysage sous mes pieds.
















Au zoo (du mauvais côté de la grille)

C’est un réveil étrange qui me sort du lit samedi matin : beaucoup de bruits dans le bâtiment, ça bouge, ça cogne, des voix dehors et du gravier qui crisse… Un œil dans l’interstice du rideau confirme mon mauvais pressentiment : encore un débarquement !

Pour avoir un ordre d’idée de l’ampleur des dégâts : le Svalbard, territoire grand comme la Belgique, compte au plus 2200 habitants, Ny Ålesund entre 20 et 130, et le Costa Magica vient de vomir trois mille quatre cent soixante-dix personnes

Et même si ce n’est pas tout à fait la clientèle de La Grande Motte, on n’en est pas non plus très loin – enfin je sais que je ne peux pas faire rentrer tout le monde dans le rôle du blaireau, mais c’est toujours pareil, ce sont eux qu’on remarque le plus, hein… Je réfrène donc l’envie qui me tenaille de faire usage de ma bombe de spray au poivre anti-ours, me dévêt de toute marque distinctive de la station, et sort mon appareil photo à la main – incognito. Et bondis sur l’occasion d’aller faire démarrer un bateau capricieux à 6 km de là, fuyant cette affreuse sensation de me trouver Rue de la République à Lyon…





samedi 19 juin 2010

New team!

Et voilà, la nouvelle équipe est opérationnelle ! Hier après-midi a eu lieu la passation officielle entre Henning et Christian, dernier arrivé à la station. On avait préparé un petit défi-jeu avec Sébastien pour marquer le coup : on a pris la clé symbolique de la station (une grosse clé en bois d’un mètre recouverte de papier doré), on l’a attachée à trois ballons météo gonflés à l’hélium, et deux mètres en-dessous on a attaché une gaffe, le tout stabilisé un peu au-dessus du sol. L’enjeu était qu’ils trouvent le moyen d’attraper la clé avec la gaffe (sachant que la gaffe faisait contrepoids : la soulever surélève d’autant la clé…), et on était sensés bien rigoler.

Évidemment ça ne s’est pas exactement passé comme ça : on a tout mis en place, et alors qu’on attendait tout le monde – clac – la ficelle a rompu… La gaffe est tombée au sol, et la clé a rapetissé dans le ciel. Une bouteille de cognac est promise à l’expédition qui la ramènera (sans la sonde on n’a même pas les coordonnées GPS du point de chute) !


Du coup on a accroché une petite clé à un seul ballon, le vent l’a ramené vers la plate-forme et Christian l’a attrapé sans effort. Alors pour rigoler on a tous respiré l’hélium du ballon et on a discuté avec des voix de Mickey.