samedi 9 octobre 2010

Merveilles de la nature - 3












C'est une histoire qui, bien que n'étant plus d'actualité, mérite d'être sortie du congélateur pour son charme irrésistible, cousu de tendresse et d'ingéniosité.
A la fin du mois de juin maman renard, ayant troqué sa foisonnante et virginale parure d'hiver pour une petite robe brune et svelte des beaux jours, présente au monde ses deux petits renardeaux. Porteurs de la vitalité du printemps ils bondissent hors du terrier, se battent, chassent les insectes, attaquent les plantes, se jouent des appareils photos, et se repaissent des caresses de leur infiniment patiente mère.
A peu près au même moment, mais sans aucune espèce de lien, des 3 à 5 œufs que maman Bernache Nonnette couve depuis 3 semaines sous la garde attentionnée de papa BN, pointent de petits becs curieux. Débarqués d'Écosse un mois auparavant, ils ont eu le temps de parader bruyamment, de choisir un partenaire, de régler leurs affaires, et de confectionner un nid douillet tapissé de verdure et de duvet à l'attention de leurs rejetons. Qui, au risque pour moi de céder à la facilité, renient toute oisiveté: avides d'apprentissage ils se tortillent sagement derrière leurs parents vigilants, affairés à rester à l'intérieur de la colonie sans toutefois s'y disperser... A l'issue du mois et demi qui leur sera nécessaire pour se détacher de la surface terrestre ils auront enflé à vue d'œil, perdant leur duvet grisâtre et leur rondeur maladroite de gros poussins pour afficher un port altier et un ramage qui – sans mentir – se rapporte à leur plumage.
C'est d'ailleurs durant cette période non-aérienne que maman renard, de temps à autres, se faufile furtivement à proximité de l'inconsciente colonie affairée à picorer goulument toute forme de végétation et, avec la rapidité et la précision d'un Théodore se jetant sur son éclair au chocolat de chez Duperray, traverse à une vitesse supersonique la distance qui la sépare du groupe de magrets caquetants, qu'elle pénètre dans une explosion de plumes et de cris. Et c'est là que l'intelligence et la finesse de la stratégie ne peuvent que laisser pantois d'admiration: maman renard fond sur le premier oisillon, attrape de son agile museau une patte puis l'autre, les brise, et délaisse leur braillant autant qu'immobile possesseur pour un second, puis un troisième, puis... jusqu'à ce qu'elle estime en avoir suffisamment, ou que le reste de la colonie soit hors d'atteinte. Elle récupère alors une par une ses prises, leur tord tranquillement le cou et les ramène à la maison, accueillie en fête par sa descendance transportée d'avoir de nouveaux amis avec qui jouer et partager le prochain repas.
De quoi rabattre le caquet au prétentieux canard de mon enfance, qui terminait crânement l'histoire par un « dis Maman, il est bête le renard, il ne sait même pas voler ».

10 commentaires:

  1. Bien fait pour leur gueule...

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  2. Comme dirait mon maître à penser Sid, auteur d'une lumineuse série de documentaires sur les implications environnementales et socio-psychologiques des migrations climatiques, "c'est la survie du plus adapté"!

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  3. moralité de l'histoire : vaut mieux pas être un éclair au chocolat de chez Duperray !

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  4. Tom ! Dis-moi, soit le froid te permet de recouvrir la mémoire de ton enfance - ce qui serait vraiment improbable, soit tu as un subi un grave choc dont nous ne connaissons pas la cause, avec la réminiscence subite des ces histoires qui ont marqué ton inconscient. Car si on calcule, tu étais abonné à l'école des loisirs à l'école de Notre Dame des Missions donc nous pouvons remonter dans ton histoire à tes 6 ou 7 ans ! Alors même que tu ne peux normalement pas aller en dessous de tes 13 ans... moi je dis, bizarre !

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  5. COIN COIN! Je n'arrivais pas à me souvenir du titre! Maintenant je rigole tout seul... (enfin déjà avant, ça peut inquiéter mais ça m'arrive régulièrement de me faire rire moi-même)
    Non, ce serait plus qu'improbable, déraisonné et possiblement violent...
    L'hypothèse la plus probable est que j'aie relu cette histoire entre mes 13 ans et mes 20 ans (c'est comme Léo hein, il n'est jamais trop tard, chacun son rythme), saisissant le prétexte d'une attention fraternelle pour me replonger dans un récit dont je ne pouvais me libérer des tenants et des aboutissants...

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  6. Et s'agissant de mon cerveau, je prends un grand soin de le protéger des rigueurs environnantes: je suis en pleine opération d'hivernage. Je l'ai longuement rincé à l'eau douce, ait contrôlé le circuit de refroidissement, vérifié les bougies, nettoyé les carburateurs, vidangé l'embase et le carter, pulvérisé un peu de stabilisateur - au chaud pour l'hiver, et ça devrait repartir au quart de tour la saison prochaine!

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  7. oui mais même la bouche pleine d'un demi éclair au chocolat , Théodore me demande ou est la vidéo du renard qui s'amuse avec ses petits amis les oiseaux!!! car lui sa friandise c'est plutôt les vidéos qu'il ne se lasse pas de revisionner en s'exclamant :ah ce thomas , je l'adore!!!

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  8. A l'imaginer je rigole encore...

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  9. Thomas.P qui dit ce qu'il12 octobre 2010 à 14:35

    Tu ne pourrais pas me confectionner une chapka avec le beau pelage de ce flibustier de renard. Il fait déjà froid dans mon bureau. Mon cerveau ne supporte pas le froid et il n'est pas préparé à l'hivernage. Et puis j'ai toujours voulu être David Crockett.

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  10. Aucun problème mon Thomas. Et avec l'intérieur je te fais des petites terrines...

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