lundi 14 février 2011

Aavatsmarkbreen trapper's trip


























Samedi un chien blessé m'a offert d'échanger un ballon contre une grande sortie, guidé par Carl-Peter qui va poser quelques pièges à renards autour de la station polonaise Torun.
Qu'écrire de plus? Si le langage est trahison, confronté à des espaces bruts, toute tentative de partage implique une dénaturation sauvage du ressenti.
Une trop grande et puissante masse de réalité donne l'assaut à mes pauvres organes perceptifs – les signaux les plus directs restent imprimés sur la rétine, les plus subtils s'infiltrent sous la peau, attendant l'accalmie pour refaire surface. Bribes:
Ivresse de l'adrénaline. Au-dessus de 100 km/h sur le fjord, 30cm de blancheur couvrant 300m de mer, entre les icebergs, à l'affut pointu des débris de glace, trous de phoque, fissures de marée et infiltrations d'eau; les deux respirations et la concentration pure avant les franchissements délicats et les zones de crevasses; à la recherche d'obstacles dissimulés dans l'épaisseur des plaines de neige sur les glaciers, bondissements et embardées du scooter, vision élargie, cerveau branché au guidon...
Combinaison claquant au vent, paumes chauffées et doigts froids, souffle court, cimes acérées nuages dansants cieux oniriques et immensités vierges attrapés par les yeux en fractions de seconde, et le martèlement hurlant des pistons...
Puis les pauses: le silence qui résonne dans les oreilles bourdonnantes, l'enchantement de la délicatesse des teintes, la brise fraîche sur le visage, dans les poumons, et tant de calme et de majesté répandus par les montagnes...
Quelques heures à peine après le retour, sens enflammés, je me sens comme à la sortie d'un songe trop réel.

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