mardi 11 mai 2010

Le jour insomniaque

« Sans le lyrisme de la nuit, la vie ne prend pas forme » m’écrit Christiane Singer. Mais s’est-elle imaginée combien cela peut devenir subtil lorsque cette vie s’ébauche dans un espace profondément déstabilisant ?

D’un point de vue symbolique déjà, car la nuit n’est plus uniquement cette période obscure entre coucher et lever du soleil, elle devient le moment qu’il faut accorder à la petite musique de la vie pour que puisse s’esquisser le sens du reste du jour…

Physiquement aussi, lorsqu’il me faut être attentif à l’expression du besoin de sommeil sans repère lié à l’obscurité (et il est délicat de percevoir ce qui vient de l’intérieur quand le monde autour est si bruyant de nouveauté…), ou quand je dois me laisser dériver vers les profondeurs du repos alors que le moindre rai de lumière porte dans la pièce l’éclat du matin, et surtout, surtout, lors de ces instants fragiles où l’abandon est à portée de doigts, mais que l’absence de rupture, la page du jour qui ne s’est pas refermée d’elle-même risquent de balayer. Comment s’abriter de ces rafales quand la simple pensée du refuge suffit à leur donner naissance, que si près de mes lèvres se promène ce doux air :

« Et je m’demande ô combien,

De quoi s’ra fait demain… »



Minuits



























3 commentaires:

  1. Au téléphone avec Théodore:
    - Tu sais ici c'est pas comme à Doris, il fait jour la moitié de l'année et nuit l'autre moitié.
    - MAIS TU ARRIVES A DORMIR PENDANT TOUT CE TEMPS???

    RépondreSupprimer
  2. Je me souviens de ces nuits de 4 à 5 heures il y a un an, dans les Highlands écossais, où ma chambre sans rideau, qui donnait sur l'est, bien sûr, m'a aveuglée avec sa lumière dès 4 heures et demie... Du moins, je pouvais me consoler par le fait que mes horaires de travail ne m'auraient de toute façon pas permis plus de sommeil... N'aurais-tu pas cette consolation ? Alors je t'en donne une autre... on s'y habitue... c'est une question de temps... et de fatigue accumulée...

    RépondreSupprimer
  3. Quel réconfort! C'est comme Hélène avec les cabris: "on attend qu'ils aient bien faim et ils finissent bien par apprendre à boire..."

    Et sinon je peux te dire que tes photos sont très belles, très artistiques... (sans la moindre hypocrisie, même à l'êtat de poussière de rêve oublié.).

    RépondreSupprimer