jeudi 2 avril 2015

Numinosités

Il est commun d'établir une distinction entre activités artistiques et physiques, et inutile pour la plupart des esprits de s'attarder sur la différence entre, disons, l'haltérophilie et l'aquarelle.
Mais en-dehors de ces extrêmes, certains domaines sont plus délicats à cloisonner, leurs frontières sont moins nettes - on pense évidemment à la danse en improvisation, et à toute activité sportive qui accorde une place prédominante à la créativité. Nous interrogeant sur les caractères propres à faire enjamber la barrière entre ce qui relève de l'exécution strictement mécanique d'un geste et ce qui révèle l'expression d'une individualité, on est amené à considérer l'idée de mouvement - ce seuil où devenant habité, le geste quitte l'utilitarisme pour rejoindre l'esthétique.

En des moments d'engagement total, où n'existe plus que le présent, où le corps libéré du mental accomplit ce qu'il a consciencieusement appris à faire, peuvent se rejoindre l'artiste et le sportif. L'un, à force de répétition, inscrit dans son corps des mouvements qui seront mis au service de l'expression d'un ressenti. L'autre, travaillant à l'utilisation optimale de son corps en interaction avec le monde, recherche le geste juste - atteint le beau.
Chacun rêvant du mouvement parfait à ce moment et cet endroit précis, et qui en devient magnifique. Un corps, une âme, "sur la lame affûtée de l'instant".

J'aspire à déployer mon corps au sein de l'océan, silencieusement et sans spectateurs, de la même façon que certains soufflent dans une trompette ou murmurent un poème nouveau-né.
Dans l'émotion.

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