On dit que le sang, au rythme battu par le cœur, apporte l'oxygène aux organes et élimine leurs déchets. La remontée du sang vers le cœur est impulsée par la compression du système veineux plantaire, accompagnée de la contraction des muscles du mollet, puis des mouvements de la cavité abdominale.
Je crois qu'il existe de la même façon une grande circulation de l'esprit. Son cœur est à l'étroit, là-haut dans le crane ; les yeux, la bouche, les oreilles et la peau le nourrissent, et la pensée a tôt fait de se vicier de ses propres déchets.
« La marche permet d'entrer consciemment dans la relation dynamique que représente le monde », a dit Yvan Amar. Et pour moi, l'intellect est un obstacle à l'appartenance au monde, en ce qu'il éloigne de la perception directe, et en soustrait la vérité par les déformations de l'analyse. Il assemble le labyrinthe fait d'égocentrisme, d'artificialité et de complexité qui nous isole.
Alors c'est comme si tout était aussi lié à la compression de la voûte plantaire : la pompe est réamorcée, et en même temps que l'air transmet par tous les sens fraîcheur et oxygène, l'approfondissement de la respiration évacue les sombres toxines qui obstruaient l'organisme.
La foulée s'allonge, le souffle s'amplifie – la pensée s'allège, l'esprit s'éclaircit.
Parfois la bouffée d'air d'une promenade suffit, mais souvent c'est une vraie ascension transpirante qui seule permet le décrassage de ma tête... Lorsque le physique approche de ses limites, le mental se déconnecte: le cerveau est dans les jambes et au bout des orteils, les sens s’exaltent et l'émotion prend les commandes.
mercredi 30 mars 2011
dimanche 27 mars 2011
dimanche 20 mars 2011
Accalmies
Voilà plus d'un mois que le vent souffle, accompagné de neige, de pluie, dénudant les flancs des montagnes et la surface du fjord. Le village est parsemé de collines de neige mouvantes, les porches disparaissent, l'éolienne de Corbel est tombée, moi et mon vélo aussi.
Alors lorsque soudainement les rafales cessent, tout semble s'apaiser - dans une sorte d'immobilité calme, blanche, moelleuse et lumineuse, le monde sereinement se repait du silence.
samedi 19 mars 2011
mercredi 16 mars 2011
Solfest
dimanche 13 mars 2011
samedi 12 mars 2011
dimanche 6 mars 2011
Méandres
Comme j'aime bien souffler, j'ai participé au premier concert de la saison de l'orchestre symphonique le plus au nord au monde: 55 secondes de création débridée, entre free-jazz et dadaïsme amateur. Pour marquer l'esprit de liberté, l'évènement a confortablement rassemblé sa vingtaine de participants autour de café et de gâteaux à 20 mètres de profondeur dans une crevasse de Brøggerbreen. Et comme pour toute performance, c'est souvent la préparation qui lui confère sa pleine valeur - ici l'exploration, la sécurisation et l'aménagement de la « salle ». Dans le faisceau de la lampe se révèlent toutes les variations les plus subtiles de forme, texture et couleur de l'eau en-dessous de zéro degrés: rondeurs lisses, pointes transparentes, crêtes affutées, dentelles de flocons, cristaux luisants, sédiments millésimés sous le plafond des ponts de neige...
mercredi 2 mars 2011
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